L’aventure a commencé par une collecte de fonds plutôt décevante. Je me réjouis néanmoins d’être tombé sur une dame au grand cœur, en la personne de mon éditrice , Mme Carmen Toudonou. Aucun franc, elle ne m’a soutiré. Elle s’est saigné les poches pour financer tout le travail éditorial. Il s’agissait, comme vous l’aurez certainement compris, d’une édition à compte d’éditeur. Gilles GBETO
Bonjour monsieur GBETO, c’est un plaisir de vous avoir sur notre blog! Merci de vous présenter à nos lecteurs s’il vous plaît?
GG: Bonjour, C’est un honneur et un plaisir pour moi de me prêter à vos interrogations. Je suis Enagnon Gilles GBETO, étudiant et futur diplômé en administration culturelle à l’Institut national des métiers d’art, d’archéologie et de la culture, auteur de « La Rivale de Dieu ».
Qu’est-ce qui vous a décidé à vous lancer si jeune dans l’écriture ?
GG: Le besoin de m’épancher, de vider un ras-le-bol d’émotions, de m’exorciser de certains griefs rebelles, l’envie de vivre une passion aussi. Pourquoi si jeune ? Il n’y a pas d’âge pour écrire,je pense. Il faut répondre à l’appel dès qu’il se fait entendre.
Depuis quand nourrissez-vous la passion pour les Lettres ?
GG: Ma rencontre avec les Lettres est peut-être un bis repetita de celle de beaucoup d’hommes de lettres : un amour d’enfance. J’ai aimé lire depuis que j’ai su le faire. Puis, j’ai appris et j’apprends à écrire, et j’aime bien.
Pourquoi avoir commencé par un roman ?
GG: Parce que j’ai un côté bavard . J’avais beaucoup à dire. Le roman était le meilleur moyen.
Qu’est-ce qui vous a inspiré le roman ?
GG: Ma vie , mes expériences, des histoires glanées çà et là que j’ai essayé de romancer. J’espère avoir tenu le pari.
Pourquoi ce titre ?
GG: C’est l’un des titres qui se prêtent le mieux à l’intrigue. Je le dois au génie de mon éditrice Mme Carmen Toudonou. Elle a le secret des titres accrocheurs.

Est-ce une autobiographie ?
GG: Le livre a beau avoir de fortes allures d’autobiographie, ce n’en est pas une. Ceux qui me connaissent y verront quelques traits de caractère de l’auteur. Un « moi » et un « je » omniprésents parleront pour moi et de moi, mais ce n’est pas mon histoire. Ma vie ne ressemble pas vraiment à celle du héros du roman et je ne compte pas finir comme lui.
Vous n’avez pas été très tendre envers les ecclésiastiques dans le roman. N’avez-vous pas peur de vous attirer la foudre de vos anciens compagnons et formateurs ?
GG: Attirer leur foudre, oh que non. Ou si coups de foudre il devait y avoir, «mille tomberont à ma gauche, dix-mille à ma droite, je ne serai point atteint». La rivale de Dieu est un roman, de la fiction donc, pas une tribune contre les ecclésiastiques ni mes anciens compagnons avec qui je continue d’entretenir à ce jour des relations plutôt amicales et fraternelles. Seulement, des vérités doivent être dites et elles méritent de l’être sans détour et sans caresses hypocrites.
Est-ce une manière pour vous de vous venger du traitement que vous avez subi au séminaire ou de dénoncer les exactions de L’ Église et des prêtres ?
GG: Certains passages du roman , je le reconnais, peuvent trahir une volonté affichée de se venger. L’intention reste cependant bien loin d’une si basse volonté. J’ai été globalement bien traité dans les séminaires où j’ai fait mes classes. Et je ne regrette pas ,jusque-là, d’avoir été formé dans une si prestigieuse maison d’éducation à la vie. Donc, loin de moi l’idée de vouloir enseigner quoi que ce soit à l’Eglise , une des institutions les plus anciennes et les plus sérieuses qui soient. Je serais prétentieux de vouloir révolutionner une Église vieille de 2020 printemps en seulement 192 pages. Loin de moi aussi l’idée de battre campagne contre les prêtres. Ils sont certes visés mais point de vengeance. Du règlement de compte,oui . Avec soi-même, cependant, pour ne pas tomber dans la haine anticléricale. Sorti du séminaire, surtout dans certaines circonstances, on a tôt faire de se rebeller contre ce système qui a ses beautés et ses laideurs, mais qui mérite toute mon admiration et mes respects.
Quels sont vos futurs projets en matière d’écriture ?
GG: Beaucoup de projets. Tant que la plume ne se brisera et que l’encrier ne se videra, j’écrirai. Concrètement , une anthologie de nouvelles à laquelle j’ai participé devrait paraître d’ici-là. Je travaille également, depuis un moment, sur un recueil de nouvelles fin prêt et sur un nouveau roman. Les prochaines années verront , sans aucun doute, une belle panoplie d’ouvrages signés Gilles GBETO.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées dans le processus d’édition de votre ouvrage ?
GG: L’aventure a commencé par une collecte de fonds plutôt décevante. Je me réjouis néanmoins d’être tombé sur une dame au grand cœur, en la personne de mon éditrice , Mme Carmen Toudonou. Aucun franc, elle ne m’a soutiré. Elle s’est saigné les poches pour financer tout le travail éditorial. Il s’agissait, comme vous l’aurez certainement compris, d’une édition à compte d’éditeur. Les droits du livre reviennent donc en majeure partie à la maison d’édition. Je ne me plaindrai cependant pas de cela. La confiance d’un éditeur qui vous choisit et vous donne un nom sur la scène littéraire, ça vaut tout.
Entrer en littérature si jeune, cela ne vous met-il pas de la pression ?
GG: Oh que si! Beaucoup. Ce grand et ronflant titre d’écrivain, ça pèse une tonne de responsabilités. C’est un titre noble. Il faut le mériter et le défendre, ne pas le traîner dans la gadoue de la médiocrité et du discrédit. Sous nos cieux, la publication d’un ouvrage de fiction vous colle tout de suite l’étiquette d’écrivain. Et je ne me voyais pas commencer l’aventure à 21 ans. Mais ça y est, nous y voilà ! Mon ambition n’est pas de réinventer la littérature, je ne le puis d’ailleurs pas. Mon désir est cependant de me distinguer et de me faire un nom dans ce secteur. De perpétuer l’héritage des grands noms qui ont vaillamment et valablement porté ce titre. Beaucoup de pression donc, mais de la pression positive. Celle qui permet de se surpasser et d’exceller.
Quel accueil espérez-vous pour La rivale de Dieu ?
GG: Écrire, pour moi, c’est offrir sa joue aussi bien à la claque qu’à la caresse du public. Et comme on n’écrit pas pour se lire , se relire soi-même, et se masturber les oreilles et l’égo, je trouverai ma satisfaction entre la claque et la caresse du lectorat. Je ne me targuerai pas d’avoir produit un chef-d’œuvre, le livre du siècle. Je pense néanmoins que La rivale de Dieu mérite le coup d’œil.
Concilier études et écriture , comment y arrivez-vous ?
GG: J’apprends à faire avec. Heureusement qu’on parle là de travaux intellectuels. Pas d’amalgame donc. Le hic, c’est que l’un peut empiéter sur l’autre. Comme ces temps-ci où ma tête fourmille d’idées nouvelles pour mes projets littéraires en cours mais que je dois bâillonner pour me consacrer à la rédaction de mon mémoire de fin de formation.
Quelles missions particulières vous assignez-vous en tant qu’écrivain ?
GG: Aucune particulièrement. Pas pour le moment, en tout cas. Je me contenterai d’écrire. De petits messages et prises de position jalonneront mes textes. Chaque lecteur saura les décrypter et les apprécier.
Quelle est la charge sémantique des noms de vos personnages?
GG: Je voulais des noms qui définissent le rôle de chacun de mes personnages dans le livre. Des noms de chez nous surtout, pleins de beauté et de sens mais qu’on brade souvent au profit de noms hérités du passé colonial. Noms coloniaux et locaux s’y côtoient néanmoins. Quelques-uns sont courants chez nous, d’autres un peu moins, forgés de mon propre imaginaire . Le Yin’dé, comme défini dans le texte, je le voulais ainsi. Ce nom est le résumé de toute l’œuvre. Une histoire d’être et de devenir.
Qu’est-ce Yin’dé et Orphée ont de commun dans ce livre ?
GG: Le même rêve à concrétiser, les mêmes tribulations pour vivre le même amour. Un destin conjoint, en définitive.
Que répondriez-vous à qui dirait que Yinde est la réincarnation ou une autre copie de Ahouna?
GG: L’histoire de Yin’dé est, à certains égards, très ressemblante de celle de Ahouna dont j’ai adoré lire les péripéties dans Un piège sans fin. Les deux ont la même sensibilité, la même révolte, presque que la même fin.
Votre roman relance la question de l’existence et de la fatalité.
GG: Effectivement. Yinnoudé qui devait devenir. Son nom l’y préparait et condamnait. Il ne deviendra qu’une fois parti. Clin d’œil à l’existentialisme sartrien.
Finalement, les hommes ne sont-ils que des pantins téléguidés par les forces cosmiques ou les aléas du temps, des corps manipulés par la vie et qui ne deviennent que ce que les hommes appellent NATURE décide qu’ils soient ?
GG: C’est justement cette perception de la vie que culbute le livre. On a tôt fait de se complaire dans une posture passive et fataliste, en accusant la NATURE de tout ce qui nous arrive de mal ou en bénissant le Bon Dieu de tout ce qui nous arrive de bien. Non, il faut vivre sa propre vie, prendre ses propres décisions, assumer ses propres choix et leurs conséquences, puisqu’il y en a toujours. Évidemment, certaines circonstances de la vie vous désarment et vous laissent totalement désemparés. Il arrive que l’homme expérimente et réalise sa faiblesse la plus totale ou se trouve totalement favorisé par le sort. Est-ce à dire qu’il n’est que la marionnette des événements ? Je persiste à croire que l’homme est le seul sinon le plus sérieux artisan de sa propre vie. Tant mieux ou tant pis s’il y invite un Dieu omnipotent ou une NATURE maîtresse . Amour, Dieu, famille, Yin’dé a dégagé tout cela de sa vie pour n’être que lui-même.
Quelle est en réalité la nature de l’amour de orphée pour yinde?
GG: De l’amour comme cela doit être. Un amour pur et fort. Le genre d’amour qui se mue en haine viscérale quand il n’est pas nourri et vécu. Joaquin Sabina disait qu’une histoire d’amour, si elle en est vraiment une, devrait soit mal finir soit ne pas finir du tout. C’est peut-être celle qu’ont vécue Orphée et Yin’dé.
Pour conclure ce moment, qu’avez-vous à nous dire?
GG: Un plaisir de m’être plié à cet exercice. Merci pour la tribune. Intarissable gratitude envers ceux qu’ont m’ont permis de débuter cette passionnante aventure. La rivale de Dieu est disponible à 5.000fcfa à la librairie Bon Berger de Cotonou et au centre Akanga de Porto-Novo.
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