J’ai dédié ma plume au service de ma culture. Dans mes ouvrages, j’aime décrypter les hauts faits des ancêtres à travers les sculptures, objets d’art et fresques, les signes et les symboles, les us et les coutumes, les légendes et les chants, tous des véhicules de l’histoire authentique et originale de mes aïeux. C’est ma part de contribution à la valorisation de mon legs identitaire. Un riche patrimoine culturel que nous feignons d’ignorer et qui nous fait perdre la route. Micheline Adjovi
Il est des personnes qu’il faut absolument rencontrer sur son parcours. Elles sont des étoiles uniques. Elles ont un cœur en or. Leur parole est empreinte de sagesse. Leur vie est un sacerdoce. Leur combat est noble! Nous comptons Dame ADJOVI Micheline parmi ces personnes. Découvrez pourquoi, en lisant l’intégralité de l’interview qu’elle nous a accordée. YF
TDB: Bonjour et bienvenue à vous vaillante Amazone de notre temps ! Nous sommes ravies, Camelle et moi, de vous présenter à nos lecteurs et abonnés qui sûrement ont envie d’en savoir davantage sur vous. Présentez-vous à eux, s’il vous plaît.
MA: Avant de me présenter, permettez-moi d’abord de saluer les lecteurs et tous les abonnés du Blog dédié aux Talents du Bénin. Selon la tradition africaine, lorsqu’un invité rentre dans une maison, il a l’obligation de saluer ses hôtes, par devoir de civilité et de courtoisie. Je me fais donc le plaisir de saluer toute la famille avec cordialité. Je m’appelle Micheline ADJOVI. Je suis native de Gléxwé, cité historique et touristique du Bénin méridional, où j’ai poussé mon premier cri de vie.
TDB: Quel a été votre cursus académique ?
MA: J’ai été à l’école primaire et au collège d’enseignement général dans ma ville natale. Après le BAC, j’ai rejoint Koutonou, la capitale économique, pour mon cursus universitaire. A l’université nationale du Bénin, j’ai fait la FASJEP (faculté des sciences juridiques, économiques et politiques). Ma maitrise en sciences juridiques en poche, j’ai continué avec un DESS en développement local et gestion des projets à l’université d’Abomey-Calavi. Pour être efficace dans mes nouvelles activités libérales, j’ai préparé et obtenu un certificat en psychologie de l’enfant et un diplôme professionnel de coaching.
TDB: Vous êtes titulaire d’un DESS en développement local et gestion de projets, peut-on en déduire que depuis toujours vos objectifs étaient ceux d’apporter de l’aide à vos contemporains ?
MA: Depuis mon enfance, j’ai toujours aimé porter assistance, c’est-à-dire servir, et être utile à l’autre. Afin de réaliser cet idéal, j’avais passé juste après le BAC, le concours d’entrée à l’école nationale des assistants sociaux et celui donnant accès à la faculté des sciences de la santé. Deux structures qui s’occupent de l’homme. Hélas, mon rendement à ces deux concours ne m’a permis d’être sélectionnée. C’est alors que j’ai opté m’engager en sciences juridiques option droit des affaires et carrières judiciaires, une autre entité de services.
TDB: Quid du parcours professionnel?
MA: J’ai eu un beau parcours professionnel. J’ai travaillé pendant 20 années dans une institution internationale à vocation politique. Ma position au sein de l’équipe du bureau régional de Koutonou m’a permis d’être en contact avec des hommes politiques, la société civile, des officiers supérieurs et des opérateurs économiques de la sous-région ouest-africaine. C’était un milieu dynamique et fluctuant au gré des élections. Il n’y avait point d’ennui parce que la routine n’était pas au rendez-vous.
TDB: Il y a-t-il un lien entre votre ancienne profession et vos activités actuelles ?
MA : A mon entendement, oui. Mes expériences professionnelles ont renforcé mon élan d’être à l’écoute du prochain et de l’aider comme je peux. C’est d’ailleurs pourquoi il m’a été assez aisé de quitter le statut d’employée pour celui d’employeur en me mettant au service de la petite enfance.
TDB: Vous êtes la directrice générale du groupe « La pépinière des anges champions ». Votre amour pour les enfants n’est plus à démontrer. Parlez-nous, s’il vous plait, de cette expérience, le déclic, le retour des parents qui vous font confiance, bref une fierté, un challenge ?
MA: J’ai quitté le lien contractuel aux lendemains de la décision sociale du Gouvernement béninois instituant la gratuité de l’école maternelle et primaire et l’obligation d’inscrire toutes les filles à l’école. L’application effective de cette décision a généré une crise dans le secteur de main d’œuvre domestique entrainant de facto la difficile équation de la garde des enfants. Face au besoin d’accueil et de protection des tout-petits, j’ai eu l’idée de créer une crèche garderie. Aussitôt, j’ai pris une formation en psychologie de l’enfant tout en m’engageant parallèlement dans la procédure administrative d’ouverture de mon centre.
Accueillir des nourrissons et s’en occuper jusqu’au retour des parents, gérer des pleurs et bénéficier des sourires d’anges, apaiser et rassurer en offrant l’affection et la tendresse, accompagner le langage, la marche et l’expression du caractère, initier et encadrer les jeux et des activités d’acquisition d’agilité et d’adresse, transmettre la notion de « champion » à des âmes innocentes…, mon équipe et moi ne voyons pas le temps passer. C’est un sacerdoce qui procure beaucoup de satisfaction morale surtout lorsque ces jeunes champions, heureux, épatent et émerveillent leurs parents.
TDB: Certains spécialistes de l’enfant pensent que l’enfant n’est pas capricieux, mais les adultes qui s’en occupent… Est-ce votre cas ?
MA: L’enfant qui arrive à se déplacer tout seul est un éternel chercheur. Il est en quête permanente de découvertes. Il veut comprendre et expérimenter tout ce qu’il voit faire. Il est difficile de le maintenir sur place pendant longtemps. Il est tantôt ici. Tantôt, là-bas. Il court. Il grimpe. Il saute. Il tombe. Il pleure. Il se relève… Je suis toujours étonnée lorsque certains parents demandent à leurs enfants de rester sages. De quelle sagesse parlent-ils? La sagesse est-elle synonyme d’inactivité ? Il arrive que certains enfants se défendent par l’agressivité. Nous profitons de ces cas pour enseigner l’amitié et la non-violence. Parents et éducateurs devraient impressionner le subconscient des enfants dès le plus bas âge en adoptant des styles de vie positifs. Les enfants apprennent et retiennent vite.
Selon mes expériences, il est important de s’intéresser davantage à l’enfant trop calme et timide et user des astuces pour l’amener à jouer, volontairement, avec ses amis. Vivre en société exige des pré-requis qui se cultivent pendant l’enfance. Les parents sont les premiers éducateurs et exemples des enfants.
TDB: Est-ce facile de s’occuper des enfants des autres ? Faites-vous face à des situations compliquées parfois comme par exemple garder des enfants en situation de handicap ? Si non, avez-vous pris des dispositions pour cela ?
MA: S’occuper de ses propres enfants, n’est pas déjà une mince affaire. Vous pouvez donc imaginer ce qu’il en est des autres ! C’est pour dire qu’aucune profession, aucun corps de métier n’est facile. D’ailleurs la facilité ne conduit qu’au désastre. Il faut aimer et avoir foi en ce que l’on fait pour trouver, à chaque fois, d’idoines solutions aux difficultés de parcours et avancer. « Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie», a dit Conficius.
Par rapport aux enfants en situation d’handicap, il y a des centres spécialisés à Koutonou qui les accueillent. Par contre, je prends des enfants qui ont de retard de langage ou de locomotion. Souvent, ceux-ci finissent par parler et par marcher en voyant et en imitant leurs amis.
TDB: Faites-vous du social ?
MA: Si le social équivaut à une plate gratuité, non. Sinon que mes prix ont été étudiés de manière à permettre à tout parent d’inscrire son enfant à « La Pépinière des anges champions ».
TDB: Vous, maman des anges champions, dites un mot aux femmes qui abandonnent leurs progénitures !
MA: Il arrive que certaines femmes à défaut de pouvoir identifier le père de leurs enfants ou bien par démission de ces derniers et faute d’une source régulière de revenus aient des appréhensions quant à la prise en charge de leurs nourrissons. Mais ce qui est certain et imprescriptible, c’est que tout enfant à une mère. Celle-ci est connue, donc visible. Elle est celle-là qui a porté le grain de germe dans son sein et l’a étoffé tout au long de la gestation jusqu’à l’accouchement. Cette dernière aurait pris conscience de sa fertile puissance qu’elle assumerait, volontiers et sans peur, sa responsabilité de mère avec comme corollaire de favorables issues. Toutes nos erreurs proviennent de l’ignorance. C’est pourquoi la femme a intérêt à se construire dans la patience. Car elle a une dignité à préserver et un honneur à sauver. En ce sens que c’est la mère qui éduque la société via les enfants. Il s’agit d’une noble mission qu’elle est appelée à réaliser ensemble avec son époux, c’est l’idéal ou à défaut seule. Rien que pour cela, il ne sert à rien de courir. C’est l’heureuse finalité qui compte. Je profite de l’occasion pour rendre un vibrant hommage à toutes les femmes qui se battent au quotidien pour assumer dignement leurs rôles d’épouse et de mère et parfois même celui de chef de ménage.
TDB: Intéressons-nous maintenant à votre autre vie, la vie de lettre, la transition s’est faite à quelle étape de votre vie ?
MA: Je me suis retrouvée dans l’écriture par plaisir de partager mes découvertes. Dans mon premier ouvrage, il était question de l’histoire de ma conversion réussie de fonctionnaire huppée à celle d’une simple et libre gardienne d’enfants. Chemin faisant, j’ai remué les cendres qui couvaient en moi la flamme de mes origines tout en aiguisant ma conscience historique. Et me voici devant vous en train de répondre à vos questions.
TDB: Qu’est-ce qui caractérise votre plume ?
MA: J’ai dédié ma plume au service de ma culture. Dans mes ouvrages, j’aime décrypter les hauts faits des ancêtres à travers les sculptures, objets d’art et fresques, les signes et les symboles, les us et les coutumes, les légendes et les chants, tous des véhicules de l’histoire authentique et originale de mes aïeux. C’est ma part de contribution à la valorisation de mon legs identitaire. Un riche patrimoine culturel que nous feignons d’ignorer et qui nous fait perdre la route.
TDB: Quel est votre groupe cible ? Les jeunes, vos clients, tout le monde ?
MA: J’écris pour tous ceux qui aiment lire des ouvrages qui inspirent la réflexion. Ma plume s’adresse à tous ceux qui cherchent à découvrir une Afrique riche et puissante de ses hommes, de sa culture et de ses valeurs indestructibles. J’ai des fans dans toutes les classes sociales ; aussi bien parmi les personnes de troisième âge qu’au sein de la jeunesse.
TDB: Dans vos écrits, peut-on retrouver des sujets qui n’ont rien à voir avec votre vie professionnelle ?
MA: Seul mon premier livre que j’ai intitulé « J’ai vaincu parce que j’ai cru » a parlé d’un pan de mes expériences professionnelles pour montrer que tout est possible à l’homme de foi et de conviction qui a un rêve à concrétiser.
L’aliénation a dépouillé l’Africain de la conscience de sa nature divine. Cette conclusion à laquelle je suis parvenue, m’a amenée à écrire mon deuxième ouvrage que j’ai intitulé « Dévoilez qui vous êtes et exercez votre pouvoir. » Quant à « L’audace du meilleur », j’ai fait route dans ce roman avec Kpassê, le roi fondateur de Gléxwé, pour expliquer les scarifications du peuple Houéda, symbole tangible du pouvoir divin en vue de susciter chez le lecteur, des actions osées qui impactent et ennoblissent.
TDB: Vous défendez vaillamment les valeurs africaines à travers vos écrits alors que nous constatons malheureusement que nous copions tout des autres et attendons presque tout d’eux, jusqu’à la fabrication de la petite cuillère. Ce combat n’est-il pas perdu d’avance ?
MA: Pas du tout !
Nos lointains pères vivaient-ils sans civilisation avant leur rencontre avec des peuples belliqueux à visée esclavagiste? En diabolisant vertement la culture du noir africain et en l’amenant par la colonisation à minimiser sa langue, ignorer son histoire et renier le riche patrimoine hérité de ses ancêtres, comment voulez-vous qu’il puisse se faire confiance, s’assumer jusqu’à oser créer la moindre aiguille sans peur de subir des représailles de ses maîtres ? Car même pour initier le forage d’une fontaine publique, l’élite africaine devrait s’adresser et recueillir, au préalable, l’autorisation du maitre qui envoie à la charge du demandeur des assistants techniques depuis la métropole. Pire, dès qu’un génie africain est détecté, il est enlevé de son pays au moyen d’un simulacre de bourse pour se mettre à la fin de sa formation au service de son bienfaiteur.
Nous ne parlons pas assez des exactions perpétrées par les peuples sans mélanine sur la conscience de l’Africain. Paradoxalement, les écoles africaines, création du colon, continuent de célébrer, à travers l’histoire enseignée aux jeunes élèves, la suprématie des vainqueurs en taisant leur barbarie et voie de fait. Pendant des siècles, que n’a pas subi, en silence, l’Africain ? Des meurtres, des assassinats, des tueries en série, l’esclavage, la colonisation. Et puis, ce fut le règne de l’impérialisme. Aujourd’hui, le capitalisme et la globalisation font rage et ravage…. Jamais les prédateurs n’ont baissé les bras pour noyer et maintenir l’Africain dans l’asservissement.
Il est temps de ne plus se braquer sur le sommet et d’opter mettre à la disposition de la base la connaissance partagée. La cuisson commence par le bas. Volontairement, je me suis engagée, à ma manière, dans ce combat de restauration de l’identité africaine. Je suis convaincue que la bataille de l’esprit, champ d’élévation de conscience par excellence, réserve de beaux jours aux générations futures.
TDB: Soutenez-vous que la scarification que vous évoquez dans votre roman, au nom de la tradition doit-être pérennisée ?
MA: Avez-vous remarqué comme moi que les peuples qui se font confiance, émergent et prospèrent? Ces peuples connaissent une évolution fulgurante parce que bien qu’ouverts aux autres, ils ont une vision élevée de leur culture identitaire qu’ils pratiquent sans tabou et sans hypocrisie. Les chinois continuent de se sacrifier, sans scrupule, aux rites traditionnels. Quant aux japonais et les coréens, ils se soumettent, volontiers, à leurs us et coutumes. En ce qui concerne les indiens, avec leur légendaire sari, ils ont fait de leur culture, une source d’entrée importante de devises. Pourquoi alors l’Africain ne va-t-il pas pérenniser sa tradition ? N’est-ce pas sa différence culturelle qui est la plus-value patrimoniale à apporter à l’humanité ? Je pense qu’il nous faut un véritable sursaut identitaire pour continuer d’exister en tant que peuple libre et souverain.
TDB: Peut-on comparer la scarification à l’excision ?
MA: A mon avis, ces deux pratiques n’ont rien en commun. Aujourd’hui la scarification, à travers les tatouages, est à l’ordre du jour.
En ce qui concerne particulièrement les scarifications Houéda, communément appelées 2×5.10, si l’intrinsèque de cette symbolique était enseigné et compris, aucun digne Houéda ne se serait passé de se parer de ses attributs divins et royaux. Je remercie au passage mes parents de m’avoir consacrée Princesse. C’est un privilège dont j’en suis fière.
TDB: Quel est l’accueil fait à vos ouvrages dans le monde littéraire béninois et ailleurs ?
MA: Mes livres sont vendus comme de petits pains dans les grandes librairies de Koutonou. Ils sont aussi réclamés et lus ailleurs. Cet engouement explique la soif de connaissance des populations à accéder à l’authentique histoire de leurs origines et aux valeurs de la tradition.
TDB: Vivez-vous de votre plume ?
MA: Il est possible pour moi de vivre de ma plume si je lui accordais, pleinement, la priorité. Hélas, ma priorité est ailleurs ; dans la petite enfance.
TDB: L’expérience éditoriale vous satisfait-elle ?
MA: Les éditeurs locaux n’ont pas encore assez de partenariats pour un large maillage. Ils doivent travailler davantage leur représentativité pour une meilleure visibilité des auteurs qu’ils éditent.
TDB: De votre ouvrage « J’ai vaincu parce que j’ai cru », nous avons compris que les gagnants sont ceux qui tombent et qui, rapidement se relèvent. Peut-on qualifier cet ouvrage de guide de référence dans votre profession de coache ?
MA: Sourire. Quelque part, vous avez raison. Car, c’est à travers le succès qu’a connu « J’ai vaincu parce que j’ai cru » que j’ai multiplié mes clients en coaching. Par cette belle expérience personnelle, j’ai démontré que nous pouvons, tous, utiliser les pierres qui surgissent sur notre chemin pour en faire un joyau. Mais pour qu’il en soit ainsi, il est nécessaire de se doper de courage mental, se détacher totalement de la position antérieure et se focaliser sur l’avenir.
Quand nous ne sommes pas prêts à nous abandonner et que nous nous accrochons délibérément à des gadgets qui peut-être nous semblent encore utiles, quoi que nous fassions, nos efforts demeurent vains, probablement. Alors que si confiants en l’avenir nous lâchons prise, la circonstance la plus anodine peut se révéler une issue favorable. Quand une porte se ferme, une autre s’ouvre, plus grandement. Dans mon cas, la grande porte était juste à côté, dans mon environnement immédiat. Je n’avais pas cherché trop loin.
TDB: En parlant de coaching, qu’est-ce qui vous y a poussée ?
MA: En fait, c’est le coaching qui est venu à moi. J’ai toujours trouvé du plaisir à lire les ouvrages du développement personnel. C’est ainsi qu’un jour, sans aucune démarche de ma part, je me suis retrouvée dans un groupe de discussions internet de coaching : le cerveau collectif africain. Mes interventions et témoignages m’ont valu d’être nommée dans le comité de direction et d’être désignée par la suite à suivre la formation de coach formateur professionnel. C’était en novembre 2013.
Lorsque nous nous engageons dans la recherche d’un but, notre force intérieure nous propulse là où nous lui avons ordonnée d’être.Il y a lieu de rester vigilant et de savoir lire à travers les signes qui ne trompent pas.
TDB: Aujourd’hui au Bénin, nous avons l’impression que c’est le « titre » à absolument briguer pour se démarquer de la masse, être coach selon vous ne rime pas finalement avec vendeur de rêves ?
MA: Non. Pas du tout. Il n’y aucune création, aucun progrès, sans rêve. Pour moi, le rêve est le ferment de l’évolution. Ce sont d’ailleurs les rêves les plus fous qui poussent les créateurs à sortir d’eux-mêmes pour se mette à la recherche des plus beaux matériaux de construction de leur imagination. Les personnes à succès accordent la priorité aux rêves qui leur font élaborer une représentation mentale des objectifs et les étapes qui y mènent. Qui serons-nous sans rêve ? Quelle vie pour des êtres humains dépourvus d’imagination ? Le but de la vie n’est-il pas de parvenir à concrétiser ses rêves et à vivre son idéal ?Nous avons tout à gagner en nous engageant sur le chemin du développement personnel.
TDB: Quels sont les thèmes que vous abordez souvent dans vos conférences ?
MA: Le coaching est une discipline transversale. Elle embrasse tous les domaines d’activités de la vie. Mon champ de prédilection est le coaching des enfants et des adolescents. Cette cible constitue pour moi, la fondation de la nouvelle maison Afrique à bâtir.
TDB: Qui peut solliciter vos services ?
MA: Toute personne étant dans le besoin d’être motivée et d’être accompagnée.
TDB: Coach et religieux, des compatibilités ?
MA: Le coach est plus spirituel que religieux. Quelle que soit votre religion, lorsque vous pensez fermement que malgré les circonstances vous allez réussir, vous programmez tel un logiciel le succès dans votre subconscient qui va s’exécuter, indubitablement. Alors que sans désir, sans volonté, sans détermination, avec la récitation passive de formules ou de prières, rien ne se passe.
TDB: L’Africain est-il finalement un bébé qu’il faut reprogrammer et aider à aller à quatre pattes jusqu’à sa maturité ?
MA: Large sourire. Le coaching est tout sauf infantiliser quelqu’un. Presque tous les grands décideurs ont des coaches personnalisés. Ces derniers par leur expertise déclinent des stratégies qui permettent à leurs clients de faire face, victorieusement, aux contingences d’où qu’elles viennent et de maintenir une meilleure image d’eux-mêmes.
En fait, le coaching exige l’autodiscipline des principes de la vie intérieure. Ce travail nul ne peut le faire à la place d’un autre. Il est personnel. Lorsque le subconscient est laissé à lui-même, il est peu actif. C’est pourquoi, il est nécessaire de le maintenir éveillé et lui dire, expressément, ce qu’on attend de lui. Dès lors, il active le réflexe, l’intuition s’allume, les concours de circonstances s’offrent et l’extraordinaire se produit. Au total, on acquiert par le développement personnel, une attitude mentale de gagnant avant même de gagner.
TDB: Qui vous a coachée vous Madame Adjovi ? Le parcours, un professionnel ?
MA: J’ai fait l’école de coaching africain dirigée par le coach Patrick Armand Pognon.
TDB: Quel sentiment vous anime quand vous trouvez un client satisfait par votre travail ?
MA: Evidemment, c’est la joie qui couronne l’atteinte des résultats escomptés. Lorsque les principes sont appliqués avec le désir de gagner, le résultat est toujours au rendez-vous. Immanquablement. Le doute n’a aucune place en coaching.
TDB: Qu’avez-vous à dire à une jeune fille qui aimerait devenir coache plus tard ?
MA: Il est intéressant de voir les jeunes filles s’intéresser à cette discipline qui tout en changeant le statut du prestataire, améliore celui du bénéficiaire qui s’exerce au jeu.
Par l’éveil de conscience que le coaching induit, la jeune fille pourra s’accepter et s’affirmer. Elle saura dompter la peur pour construire son avenir avec de nobles matériaux de son choix et de son goût. Mieux, lorsqu’elle sera épouse et mère, elle aura l’avantage de puiser dans son savoir-faire pour générer le bonheur dans son ménage et surtout apporter les meilleurs rudiments éducationnels aux robustes enfants qu’elle aura.
La faculté du développement personnel se trouve en tout être humain. Nul ne peut rester insensible et sourd à l’appel d’éclosion de cette conscience. Principalement, c’est la concrétisation des désirs qui permet d’évoluer en coaching. La foi sans les œuvres, est vaine dit-on.
TDB: « Un jour vient. La date est proche. Je vois la postérité exhiber, avec fierté à la face du monde, le flambeau de l’honneur et de la dignité de mon peuple pétri d’art, de science et de sagesse. » Votre personnage voit comme notre compatriote Sylvestre AMOUSSOU dans son film Africa Paradis, le verre à moitié plein quant à l’avenir de l’Afrique. L’auteure voit-elle les choses réellement sous cet angle ou est-ce le cri d’une espérance vaine qui se fait entendre ?
MA: L’Afrique est un don de Dieu. Elle regorge d’immenses richesses. Terre d’espérance, le continent noir renferme d’authentiques valeurs qui attendent d’être exploitées par la détermination de ses enfants pour instruire le monde. La mère Afrique sera triste de ne pas voir ses enfants parvenir à s’affranchir de la domination pour révéler à l’humanité, toute sa splendeur.
TDB: Que pensez-vous de la jeunesse béninoise ?
MA: Les jeunes au Bénin et du continent en général s’éveillent à une meilleure gestion du bien public. Ils sont de plus en plus curieux de questionner l’histoire et d’accepter, courageusement, prendre le relais. Ils ont marre de continuer de subir les conséquences des diktats venus d’ailleurs. Par conséquent, ils ont compris et intégré comme source de motivation que seule l’évolution de conscience peut les amener à oser la lutte et à vaincre. Ça bouillonne. Ça gronde.
TDB: Quels sont, selon vous, les vrais facteurs du sous-développement en Afrique ?
MA: Quels sont les critères qui ont justifié le développement pour que l’Afrique soit classée de sous-développée ? Il n’y a aucune vérité dans le manque et la restriction. Le sous-développement qu’on colle à l’Afrique est artificiel. Sinon, logiquement, comment comprendre que le continent qui fournit à l’humanité la majorité des matières premières dont les pays dits développés ont besoin soit traité de sous-développé ? Si la mère Afrique qui nourrit et qui a transformé la destinée de plusieurs pays, demeure nue et pauvre à qui imputer la responsabilité ? A ses enfants bâillonnés et meurtris ? Qui sont ceux qui sont derrière les conflits armés sur le continent? Qui fabriquent et vendent les armes de guerres et pour quelle cible? Qui fixent les prix des matières premières et des produits finis sur le marché international?
En réalité, le dénuement de l’Afrique est une stratégie mise en place par les puissances étrangères pour continuer, impunément, la saignée. Pire, tout leader africain qui ose protester contre l’imposture est froidement abattu par ceux-là qui se réclament chantres des droits humains et des libertés individuelles, pour inoculer la peur dans les consciences. Afrique, aie confiance ! La solution aux pillages et aux vandalismes, aux guerres inutiles et aux assassinats, existe. Le jour vient…!
TDB: Pensez-vous comme beaucoup de béninois que l’art et la culture suffisent à développer notre pays sur le plan économique ?
MA: Où en sommes-nous aujourd’hui lorsque nous avons minimisé l’art et ignoré la culture ?
TDB: Dieu a-t-il sa place dans votre vie ?
MA: Dieu n’a pas seulement une place dans ma vie, il est ma vie. Il s’est différencié en moi tel un spécimen unique à tout point de vue. Je suis Lui. Et sans Lui, je cesse d’exister. Dieu est Esprit. Dans ma langue maternelle, l’Esprit est Vodou. L’Insaisissable. L’Invincible. L’Eternité. Son moyen d’expression est le système IFÂ. Un fabuleux outil millénaire apparu loin avant les religions révélées. Notre pratique ancestrale englobe la science littéraire et éthique (Sagesse), la science astro-cosmogonique (Divination) et la science pharmaco-thérapeutique (Pharmacopée).
Le système Ifa a été reconnu et classé par la communauté scientifique internationale à travers l’UNESCO sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité.
En continuant de considérer les préjugés entretenus et véhiculés sur la tradition africaine pour nous en détourner, nous nous déstabilisons en nous éloignant de notre riche et inépuisable source de vie. Quel respect pouvons-nous, dans ces conditions, mériter des autres peuples si nous manquons de nous respecter à travers notre culture ?
TDB: Comment gérez-vous votre agenda de femme occupée ?
MA: Je me consacre à l’essentiel en prenant moins d’engagements que je ne puisse répondre.
TDB: Si aujourd’hui Micheline devient président de la République du Bénin, quelle serait sa première réalisation ?
MA: Je vais prioriser la réforme, de fond en comble, du système éducatif et sanitaire et créer des laboratoires de sciences endogènes appliquées. Nous devons être de plus en plus regardant quant au contenu du programme d’actions des candidats à l’élection présidentielle.
TDB: La chance peut sourire à tout moment. Si vous gagnez une grosse somme à la loterie aujourd’hui, quel serait le premier rêve que vous réaliserez ?
MA: Je vais créer <La pépinière des anges champions> sur toute l’étendue du territoire nationale.
TDB: Maman Micheline cuisine mieux quel plat ?
MA: J’aime préparer la sauce crincrin accompagnée de la pâte de maïs et toutes les sauces qui font intervenir la feuille verte. Ma nourriture est constituée rien que des produits locaux.
TDB: Quel est votre loisir préféré ?
MA: Je lis beaucoup. J’aime écouter la musique, marcher dans la nature et admirer la danse de l’océan. J’aime la fête ; la joie de vivre. A cet effet j’organise de temps en temps des réjouissances et je participe, en retour, à celles de la famille et des amis.
TDB: Quelles sont vos lectures ? Quel écrivain africain aimez-vous le plus ?
MA: J’adore lire les œuvres de Cheikh Anta Diop. Toute l’œuvre de ce digne fils de l’Afrique milite en faveur de l’unité du continent noir.
TDB: Avez-vous des projets à nous faire connaître ?
MA: L’année 2019 est l’année de parution de mon nouveau roman. L’éditeur est déjà à pied d’œuvre.
TDB: Vos souhaits pour notre blog ?
MA: Franchement, vous faites du beau travail. Je salue votre sens d’engagement au service de la culture africaine.
TDB: Merci à vous, d’avoir accepté notre invitation! Pouvez-vous conclure l’entretien ?
MA: Il est illusoire et fallacieux de prendre comme point de référence les critères de développement d’autrui pour juger celui d’un autre. L’Afrique a toutes les cartes en main pour fédérer ses forces et s’imposer, sans tutelle ni condescendance d’un tiers. Son histoire, sa culture, son savoir-faire technologique et ses valeurs sont autant d’atouts lui permettant de savoir composer pour apporter au monde le talent des bosseurs. Pour y arriver, il y a du chemin mais aussi de l’espoir.
Nous sommes au mois de Mars, le mois de la femme. Cerise sur gâteau, je suis interviewée par deux braves jeunes dames. Je ne saurai terminer cet entretien sans vous exprimer ma gratitude pour l’initiative et le temps passé ensemble.
Le monde évolue et exige de la femme des contraintes professionnelles sans l’exonérer du rôle divin qui est le sien : porter et éduquer le monde à travers la famille. Dans la société africaine, c’est la femme qui, de concert avec l’homme, tisse la vie, la nourrit, l’éduque, restaure ce qui a été brisé, apaise et console. Sans elle, l’humanité serait terne, sans couleursnisaveur, sans douceur ni candeur. Socle de la société, il n’y a aucunecommunauté viable ni d’organisation fiable sans la femme. C’est pourquoi la conscience collective reconnait que ce que femme veut, Dieu veut. Puissions-noustoujours prendre en compte nos réalités pour une solide fondation à l’éthiqueet aux valeurs morales contrastant avec la permissivité croissante des mœurs et la décadence d’ailleurs.
Chère Madame Adjovi, nous vous souhaitons beaucoup de courage dans vos divers engagements!
Interview réalisée par Yèmissi Fadé et Camelle Adonon
Talents Du Bénin @ 2019
c’est cool
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Merci pour votre intérêt.
Micheline ADJOVI
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J’ai lu avec beaucoup de plaisir cette époustouflante interview (sans être étonné pour qui connait l’animal) livrée par madame ADJOVI. …je voudrais humblement remercier les animateurs de ce mignon blog. Je voudrais dire a propos de certaines réponses de madame ADJOVI, … Elle dit qu’elle s’appuie dans ces recherches sur les fresques, les chants,etc. des outils élaborés par les anciens pour nous transmettre leurs savoirs… Je suis heureux de l’entendre …elle donne la preuve que c’est ce qui nous reste a faire si nous voulons retrouver le chemin de notre développement… A propos des jeunes, elle a vu juste, la jeunesse veut connaitre son histoire et elle s’aperçoit qu’elle n’est plus dans l’enseignement… <>
Elle a bien répondu a propos des réformes du système éducatif … Mais je suis curieux : avec qui allons-nous faire cette réforme ? Avec nos GRANDS PROFESSEURS produits de ces universités européennes installées chez nous et qui devraient être fermées ? Ramenez – nous, je vous prie madame ADJOVI pour creuser cette préoccupation… Un serpent qui se mord la queue…
Toussaint A .. Chercheur en Histoire. Auteur. Chargé de cours d’histoire des Arts à l’école des Arts et Metiers PASERNI DESIGN GLOBAL
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Merci infiniment M. Ahomagnon.
Le serpent doit cesser de se mordre la queue pour enfin avancer et évoluer. Et pour qu’il en soit ainsi, il nous faut oser briser les chaines insidieuses qui empêchent l’Africain de s’affirmer et de se réaliser.
La solution pour y parvenir, est simple et se trouve à notre portée. Il s’agit d’entrer dans notre couloir de circulation, si grand et si vaste, et cesser d’emprunter celui des autres.
Les écoles et les universités sont à réformer et je pense que beaucoup d’éducateurs et enseignants ont compris l’urgence d’intégrer dans les programmes d’enseignement les savoirs et connaissances endogènes. Dans l’enseignement supérieur, tout un Département est déjà consacré aux savoirs scientifiques endogènes.
Dans le progrès de l’humanité, l’Afrique a son mot à dire. Gardons espoir et que chacun s’investit à son niveau pour le rayonnement de notre patrimoine ancestral indestructible.
Encore merci pour l’intérêt.
Micheline ADJOVI.
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