Coucou à tous!
Je viens ici en tant que citoyenne béninoise et non en tant que membre d’un quelconque parti politique (je ne fais pas de politique), crier mon indignation, pleurer les larmes invisibles de mon cœur attristé, je viens déverser ma peur de l’avenir sur cette page blanche immaculée qui n’a ni conscience de ce que vivent les Béninois, ni de ce qui les attend dans un futur peut-être proche. Et enfin, je le fais au nom de tous ceux qui se sentent impuissants face à toutes ces lois injustes que la « Machine politique » impose en douceur sans aucune inquiétude…
Monsieur Talon Patrice, président de la République du Bénin dans un discours lors du sommet du G20, le mardi 30 Octobre 2018 a en effet prononcé les phrases suivantes qui reprennent les points clés de la loi sur l’embauche au Bénin.
Les propos du président de la République
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Droit de grève maximum 2 jours par mois et maximum 10 jours par an
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Aujourd’hui dit-il, les entreprises ont la possibilité de recruter sur contrat de travail à durée déterminée renouvelable quasi indéfiniment
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Montant des indemnités de licenciement plafonnés à 9 mois quel que soit le motif de licenciement (bingo!!!)
Faire du Bénin un espace favorable à l’investissement privé nécessite t-il de précariser l’emploi? Monsieur Talon priorise l’investissement au Bénin au détriment des Béninois, ses concitoyens, ses frères et sœurs au profit du fric et des affaires des investisseurs étrangers? Pour ma part, je ne pense pas qu’un président européen (et même en Afrique) puisse faire voter pareilles lois sans que la population et surtout les jeunes ne descendent dans la rue. Monsieur Talon appelle cela la Réforme du marché de travail, moi je remplacerai travail par « esclavage » car c’est bien ce qu’il en est!
Précarité = Misère moins chômage
Un « emploi précaire » ou un « travail précaire » désigne un emploi qui présente trop peu de garanties d’obtenir ou conserver dans un avenir proche un revenu « acceptable ».
Pour un actif, les situations de travail précaire peuvent avoir des origines diverses, notamment :
– des emplois à durée déterminée dans des branches d’activité ou des professions où le taux de chômage est élevé ;
– l’absence d’assurance chômage ;
– un travail insuffisamment rémunéré pour vivre dans des conditions de vie acceptables ;
des emplois avec des clauses de mobilité géographique conséquentes,
– des emplois dans une société en difficultés financières au sein d’un secteur en mutation technologique, où la probabilité d’un licenciement « pour raisons économiques » est élevé ;
– un État incapable de protéger un employé d’un non-respect de son contrat de travail ou du travail au noir. En un mot un travailleur précaire travaille. Point! Mais il n’en jouit pas vraiment!
Nous le savons bien , la majeur partie de la population reste analphabète chez nous; Peu de Béninois ont connaissance de cette loi, Beaucoup n’ont peut-être pas suivi ce discours, puisque les ménages ont zappé les télévisions locales et nationales depuis belle lurette. Mais sachez que pendant que vous vous désintéressez de tout dans le pays, tandis que vous dites « Advienne que pourra », la situation se dégrade davantage. A quoi bon étudier longtemps, pour accumuler diplômes sur diplômes pour finalement, n’avoir droit qu’à des contrats de travail à durée déterminée indéfiniment?
Soyons réactifs indignons-nous!
Devons-nous continuer de nous taire par peur de représailles? Est-ce un peuple muselé qu’ont formé les pères de notre démocratie, démocratie que par ailleurs, monsieur Talon vante pompeusement dans son discours? Que devient cette démocratie aujourd’hui dans ses mains? Nos formateurs académiques ont-ils formé des « intellectuels tarés » au point qu’on en arrive à travailler précairement pour des employeurs étrangers dans notre propre pays? Nos parents ont-ils investi dans nos études pour qu’on devienne des moutons de panurge du système politique, pour qu’aucun gouvernement ne puisse garantir à la jeunesse un avenir professionnel sûr?
Si lui-même reconnaît que ces mesures sont difficiles sur le plan social, pourquoi soumet-il les travailleurs à cela? Il en rit d’ailleurs, son auditoire aussi. Quel manque de respect pour le peuple qui l’a élu! M’enfin, beaucoup se mêlent de politique quand il faut voter.
La paix, la paix oui, la misère aussi?!
Nous avons la paix, notre modèle démocratique était salué et reconnu… Mais nous sommes pauvres…Enfin, beaucoup sont pauvres et les plus rusés sont riches. Mais nous préservons toujours cette paix pour le bonheur de nos bourreaux, nous nous laissons faire sans broncher ou laissons le soin aux pseudos leaders syndicalistes qui ont tôt fait de la boucler lorsque ceux d’en face réussissent à les faire taire. Notre démocratie avait atteint l’adolescence jusqu’au jour où elle fut séquestrée. Vivra t-elle assez longtemps pour tutoyer ses ainés? Wait and see…On espère juste que dans un avenir, on ne dira pas: » Il était une fois, un pays démocratique, le Bénin… » C’est pourquoi, nous devons agir en faveur de tous, lutter pour le bien-être de tous, puisque les politiques l’ont oublié!
Sans combat, pas de victoire
Je ne vous apprends rien en évoquant les « Gilets jaunes » en France. Un peuple qui réclame son droit est un peuple mature…La France est un pays riche et démocratique, avec un Etat qui a les moyens de tordre le cou à ce mouvement. Et pourtant!!!…Nos chers dirigeants, qui aiment tant la France et qui ont des liens avec ce pays, accepteraient t-ils un tel mouvement chez nous? Nous citoyens Béninois avons-nous des droits? Savons-nous les réclamer? Savons-nous dire non? Savons-nous résister? En tout cas, tant que nous nous résignons, tant que nous avons peur, tant que nous restons désunis, tant que nous applaudissons en n’étant pourtant pas d’accord avec ceux qui exploitent notre misère, rien ne changera.
Beaucoup diront comment le faire quand on sait que la prison civile de Cotonou ou l’exil attend ceux qui osent critiquer le gouvernement en place…Eh bien , nos pages de réseaux sociaux sont déjà un bon début. Les groupes Facebook ou que sais-je peuvent favoriser une organisation. Les pétitions à faire signer et une prise de conscience de la jeunesse quant à l’influence qu’elle peut générer si elle est unie et organisée sont de petits moyens à instaurer pour montrer à ceux qui gouvernent, que le pays n’est pas leur entreprise personnelle.
« Osons faire quelque chose pour nos droits »
La vidéo du discours de monsieur Talon ici: https://www.youtube.com/watch?v=-ImxHX0WAr4
Il n’y a plus qu’à s’indigner ou à applaudir…
A samedi pour un autre billet!
Yèmissi